Au cœur du centre-ville de Dakar, entre l’angle Wagane Diouf et celui Vincent, un immeuble de R+3 menace de s’effondrer. Aux regards inoffensifs du propriétaire, deux locataires l’occupent toujours. Cela, malgré les sommations qui leur ont été délivrées par le préfet de Dakar.

A la rue 18 Ngalandou Diouf, en centre- ville de Dakar, un immeuble R+3 menaçant ruine est sur les lèvres. Situé entre l’angle Wagane Diouf et celui Vincent, ce bâtiment attise la curiosité de tout le monde. Marchands, passants, voisins…tous s’inquiètent de l’état de délabrement avancé de ce lieu d’habitation, vieux d’une quarantaine d’années. «J’ai peur que cet immeuble fasse des dégâts. Pourtant, les autorités sont au courant. Elles ne disent rien», interpelle Moussa Fall, un passant. Pour cause, le rez-déchaussée abrite toujours un restaurant, malgré les fissures et le visage devenu hideux de la façade. «Les occupants et les visiteurs de ce restaurant risquent leur vie», poursuit notre interlocuteur qui demande la réaction des autorités. Rapporte Walf quotidien sur sa livraison du jour.

Dans le restaurant, conscients de la situation, acheteurs et occupants font comme si de rien n’était. Des murs repeints, des décorations rajeunissant le bâtiment attirent l’attention des visiteurs. Au fond, deux Libanais dégustent à table leur plat national. A côté juste après la porte d’entrée, pointe un cousin du propriétaire du restaurant. «Il est en voyage. Je ne peux pas trop avancer sur cette affaire», répond ce dernier tout en refusant de décliner son identité. «Nous sommes au courant de l’état de délabrement avancé du bâtiment. C’est la réalité», renseigne-t-il. Selon qui, ils occupent ce local depuis trois voire quatre ans. «Nous n’avons pas reçu de papier nous demandant de libérer le lieu», justifie-t-il de leur présence dans ce bâtiment menaçant ruine. «C’est de la folie de vouloir rester toujours dans ce bâtiment en ruine. Vous avez vous-même constaté les débris et pierres qui tombent en outrance. Nous demandons aux autorités de réagir avant que l’irréparable ne se produise», rétorque Aly Dramé, un agent d’une boite d’à côté. Il était venu s’enquérir de la situation. Selon lui, malgré cette menace, des locataires occupent toujours le bâti- ment. «C’est très grave. Le bâtiment ne tient plus. Il a vieilli. On doit le démolir.

C’est très dangereux. Je priais dans l’immeuble, mais actuellement je ne le fais plus», confie cet habitué de ce lieu depuis 1991.
Du rez-de-chaussée jusqu’au dernier étage en passant par le premier et deuxième, la situation est désolante. Des débris de pierres et d’autres objets par ci et par là, des fissures sur les murs qui laissent voir dehors, parent les locaux de la bâtisse. Tout est dégarni. Impossible de marcher à pieds nus. La peinture en couleur jaune devenu méconnaissable. La poussière embellit les escaliers. La dalle du dernier étage ne tient presque plus du fait des barres de fer rouillées laissant transparaitre le ciel. Et pourtant, un appar- tement au premier abrite toujours les bureaux d’une agence d’assurance. A l’intérieur, dans un silence de cimetière, Jules Tine pia- note sur son ordinateur. En plein exercice, avec un teint noir, taille élancée, visage serein, ce dernier décline notre demande d’interview. «Repassez entre 16 heures et 18 heures. Le patron est sorti», répond-t-il sèchement. Notre volonté d’entrer en contact avec son patron reste vaine. «Je ne peux pas vous passer son contact. Le mien non plus. Vous ne pouvez pas l’avoir. Ce n’est pas possible. Il faut faire ce que je vous ai demandé», recommande-t-il.


Nous servant de guide, Yaya Diouf, vigile de l’immeuble a pris ses distances depuis quelques mois. Selon lui, il n’est plus sûr de pointer devant le portail du bâtiment. Il s’inquiète des dommages que l’effondrement de cette bâtisse vieille de plus de 40 ans pourrait causer. «On n’est plus en sécurité. Tous les poteaux et barres de fer ne tiennent plus. Il est dans un état de délabrement avancé. De grosses pierres tombent à tout moment», constate-t-il. Un constat confirmé par Khadim Fall, marchand ambulant.