Après «l’affaissement» de ce pilier de l’Islam (El Hadji Malick Sy), comme l’avait chanté Serigne Mbacké Bousso, envoyé par Cheikh Ahmadou Bamba pour présenter ses condoléances, c’est Ababacar Sy, connu sous l’appellation de Serigne Babacar Sy ou Khalifa, qui fut désigné pour conduire la mission de succéder, de conduire et de continuer l’œuvre de Seydi El Hadji Malick Sy.

Né en 1885, à Saint- Louis, alors capitale du Sénégal, Serigne Babacar Sy s’installe à Tivaouane. Respectueux des lois de Dieu et imbu de culture islamique, Cheikh Al Khalifa s’est inscrit en droite ligne de l’œuvre de Cheikh Ahmed Tijane Chérif, fondateur de la Tarikha tijaniya, et de son père El Hadji Malick Sy. Ayant acquis une solide formation, Serigne Babacar Sy se distingua comme un guide religieux exemplaire et fut le digne successeur.

Il s’illustra vite par son sens de l’organisation et par son autorité. Il ne tarde pas à marquer son empreinte, avec la mise en place des «Dahira» (cercle de
fidèles) à travers le pays dont le premier fut le Dahira Kiram, créé en 1927 à Dakar, au Boulevard de la République, chez Ibra Ndiaye Diop.
Serigne Babacar Sy jouissait ainsi d’une réputation d’être intransigeant sur tout ce qui transgresse l’Islam, de sa Sunna ou encore de critique sur la Tarikha Tijane dont il devient un des infatigables défenseurs. Comme l’atteste cet hommage que lui a rendu son frère El Hadji Abdoul Aziz Sy «Dabakh» et rappelé par le chercheur Bakary Samb : «il est permis de lui adjoindre tous les qualificatifs exprimant la vertu dans son essence avec des superlatifs absolus, à quoi bon alors s’étendre dans la description du communément admis ?

«Qul ? Mâ tashâ’u min-al-amdâhi moo lako may !» (Dis ce que tu veux dans son apologie, tu y es autorisé !), pour exalter les qualités humaine, morale, spirituelle que l’on retrouve chez l’homme au bonnet carré légendaire. Serigne Babacar Sy quitta ce bas monde, le 25 mars 1957.