Mountakha Gabon, patron d’entreprise Gabon Productions, natif de Touba Mboul Kayel est un professionnel de la photographie. Rien ne prédestinait ce fervent talibé mouride, homonyme de Serigne Mountakha Macké à la photographie. Mais, un coup du destin a tout basculé. Passionné de la réparation de radio et de la prise de vue et d’images, le jeune, très dégourdi et entreprenant qui détient son entreprise de production reste incontournable dans son domaine de compétence dans la ville sainte de Touba. Mountakha Gabon, « Ndongo daara », très généreux dans l’effort de production audiovisuelle convainc de par ses capacités de réalisation et de sa disponibilité à rendre mémorable les activités religieuses de son chef spirituel et guide religieux.


L’acquisition des connaissances et le savoir-faire différencient les hommes. La détermination et la volonté de réussir sa vie demeurent des arguments à faire valoir. Mais, le destin y joue grandement, dans l’accomplissement des tâches et du devenir des hommes. Sinon, rien ne prédestinait Mountakha Gabon, jeune entrepreneur établi à Touba,  qui à consacré toute sa vie professionnelle à la photographie et à l’audiovisuelle. Si, ce n’est pas un coup du destin. L’homonyme de Serigne Mountakha, né d’une famille mouride, certainement proche de l’actuel Khalife général des mourides, Serigne Mouhamadou Mountakha a été confié à bas âge à ce dernier.  En plus d’être son homonyme, le Khalife l’a couvé et instruit à la mémorisation du Saint Coran. L’apprenant du Daara de « Tanzin de Touba,  a très tôt maîtrisé le  Coran et s’est sacrifié à la traditionnelle écriture des 114 chapitres de ce livre saint. « Ndongo daara » a réussi avec brio la rédaction de deux exemplaires de ce livre, dont l’un des exemplaires a été remis à ses parents et l’autre à son guide religieux et homonyme.

Ayant fait ses débuts d’instruction coranique à Mboul Kayel, la délocalisation de son daara à Touba n’a rien changé dans sa détermination à bien apprendre le Coran. Au contraire, armé d’un courage débordant, Mountakha y a associé une activité peu commode et souvent incompatible avec son statut de « Ndongo daara ». Aujourd’hui, le temps et le coup du destin donnent raison sur son devenir. « Après ma naissance mes parents m’ont amené au Gabon. Par la suite, j’ai été confié à Cheikh Mouhamadou Mountakha. Enfant, j’ai été à Mboul Kayel. Le marabout a délocalisé par la suite, le Daara à Touba. J’ai appris au Daara Tanzin. Après la mémorisation du Coran, j’ai écris deux Kamils, l’un a été remis au Marabout et l’autre à mes parents », a rappelé Mountakha Gabon.

De « Ndongo daara » à l’audiovisuel


Le « Ndongo daara », devenu producteur audiovisuel revient sur les débuts de sa pratique prématurée de la photographie. Depuis tout petit, il a pris à manipuler les  appareils à pellicules offerts par son ami Talibé d’un autre daara. Séduit et émerveillé par l’ingéniosité de l’image, Mountakha s’accroche et assure au quotidien une production  en image de qualité. « Je pratiquais la photo depuis tout petit au Daara avec un appareil à pellicules qui m’a été offert par un ami Serigne Modou Khoulé qui était au Daara de Serigne Moustapha Dieng. J’ai appris d’abord avec son appareil », retrace-t-il.

Ailleurs, l’envie de découvrir un autre univers l’oblige à s’essayer à la réparation de radios et à l’installation de paraboles. Une autre activité qui a fait autrefois, ses beaux jours dans la ville sainte de Touba. Ne sachant pas que l’acquisition du savoir ne serait jamais vaine, le « Ndono daara », insouciant et inconscient de ses aptitudes, fonce dans ses convictions qui l’ont ouvert les portes du succès. « Je faisais des paraboles et réparais des radios au daara. Ensuite, j’ai enseigné dans notre daara. Et, j’étais dans cette pratique jusqu’à ce que le marabout m’a envoyé à Typ pour le « tarbiya », c’est-à dire une activité de soumission, servant à consolider les acquis et le comportement mouride. J’enseignais les matinées et les après midi, je partais aux champs pour travailler », indique Mountakha.

Mais, l’achèvement des travaux de la mosquée de Darou Miname a tout basculé. Un besoin de gestion de la sonorisation de la radio de cette mosquée oblige. Mountakha désigné et choisi à être réorienté. « J’ai été dans ce Daara jusqu’à l’achèvement des travaux de Darou Miname. Cette période a trouvé que j’avais une maîtrise de la sonorisation et de la réparation de radios. Puisque, j’accompagnais souvent, le marabout à Diourbel  pour assurer l’animation des Khassidas. Sachant que je suis le seul à l’animer, ils m’ont fait quitter pour Darou Miname afin d’assurer les sonorisations. Je faisais fonctionner la radio tôt le matin et à l’heure du timis pour les appels à la prière. Après les prières, j’arrête la radio pour rentrer à la maison », a expliqué le génie de l’audiovisuel.

Naissance de Gabon Productions


Très entreprenant et animé d’une volonté d’étendre ses connaissances et acquis, le jeune talibé s’est procuré une petite caméra. Ensuite, il a commencé à couvrir les activités et déclarations du marabout. Très généreux, il s’est donné la peine de partager les contenus avec les médias. « Après, j’avais une petite caméra avec laquelle, je prenais les déclarations du marabout qui seront ensuite partagées avec les médias. C’est comme ça que j’ai commencé. Ensuite, j’avais un logo appelé Cb, avant de le changer pour l’appeler Gabon Productions. Le nom est inspiré du fait qu’il y avait plusieurs Mountakha dans la maison. J’avais choisi d’y ajouter Gabon pour faire la différence », renseigne-t-il.

Le spécialiste de la photographie a débuté les activités de son entreprise de production audiovisuelle avec une équipe de trois personnes. Aujourd’hui, Mountakha Gabon est l’employeur d’un effectif de 11 employés, payés régulièrement à sa charge. « Au début, on était trois dans la gestion des activités de production. Présentement, j’ai 11 employés que je paie pour la production audiovisuelle », informe-t-il, avec fierté.

Principe de vérification et respect des valeurs


Le « Ndongo daara », génie de la production audiovisuelle, ne badine pas sur les valeurs. Il opère avec prudence dans son domaine. La qualité et le respect des principes restent son affaire. Considérant son environnement de sensible, ses publications se font, suite à une minutieuse vérification des contenus. En fidèle mouride, très regardant, il se permet de censurer des propos et séquences, susceptible de heurter des sensibilités ou d’installer des polémiques. « C’est le marabout qui m’a acheté ma première caméra. Donc, je prends le soin de vérifier le contenu des images vidéos, avant la publication. Je ne veux pas faire d’erreurs. Étant un talibé bien éduqué, j’évite les dérapages. En « ndongo daara », je vérifie bien pour éviter d’être corrigé. Je mets en avant les valeurs. Cela me permettra de bien veiller sur mon guide religieux qui sera d’ici et d’ailleurs notre couverture. Le fait de le protéger m’a permis aujourd’hui, de faire la différence dans ce domaine », a-t-il, rassuré.

N’empêche, des difficultés avec la presse, Mountakha Gabon  en a connu dans son travail. Mais, elles sont plus à ses débuts. Il dit avoir subi énormément de tracasseries. Mais, ces situations exceptionnelles d’incompréhension ne l’empêchent pas d’assister des éléments de la presse afin de leur faciliter le travail. « J’assiste aussi la presse pour leur faciliter le travail. Même si, j’ai eu souvent des débuts difficiles avec elle. J’ai subi énormément de tracasseries. Mais, j’ai résisté. Aujourd’hui, je pourrais être un chambellan du marabout ou autre chose non recommandable. Mais, je sers toujours le marabout. Beaucoup de personnes qui apprécient le travail me soutiennent régulièrement. Certains s’offrent même, des appareils » », précise-t-il.

Entreprendre et assistance


Mountakha Gabon qui aime partager ses gains, exhorte la jeune  génération à entreprendre pour servir ou aider d’autres personnes. Très connu à travers ses oeuvres sociales, le jeune talibé n’aime pas vainement, assiste à la souffrance de ses semblables. Il est prêt à tout pour les satisfaire et leur redonner le sourire. « J’aime partager ce que je gagne. Même si, ce n’est pas immense. Tout le monde me connaît bien dans le social. Je n’aime pas trop voir des gens souffrir devant moi. Je fais tout pour les soulager. Je préfère aider », insiste-t-il. L’homonyme de Serigne Mouhamadou Mountakha, remerciant ses employés pour leur soutien permanent a évoqué son plus ardent vœu d’aider les nécessiteux. Zaynab SANGARÈ