La 117ème session du Congrès américain a adopté discrètement la loi H.R. 7311 datée du 28 avril 2022 dont le but explicite est de contrer l’influence jugée « maligne » de la Russie en Afrique. In extenso : « Countering Malign Russian Activities in Africa Act ». Un tel « act » est généralement accompagné de moyens budgétaires et programmatiques importants, ce qui a fait dire à certains commentateurs étasuniens que les USA allaient en guerre … contre l’Afrique.

Il s’agit désormais d’évaluer régulièrement l’évolution des intérêts russes en Afrique, d’identifier les acteurs dont les actions sont jugées contraires aux intérêts étasuniens, ou en relation avec des entreprises sous sanctions américaines, dans les domaines stratégiques, diplomatiques, économiques. Sont donc mis sous surveillance tant les acteurs politiques et économiques russes que les gouvernements et personnalités africaines, y compris les diasporas africaines nommément citées !

Ce document qui n’hésite pas à parler des droits de l’homme, de démocratie qu’il faudrait soutenir en Afrique, ignore toutes les réglementations internationales auxquelles les Etats-Unis d’Amérique ne se soumettent pas, les sanctions longtemps différées contre l’Afrique du Sud raciste ou contre Israël que des ONG occidentales mettent en accusation sur le terrain des droits humains en Palestine.

Comment comprendre qu’au nom des libertés, il soit imaginé d’interdire de l’extérieur, des pays, africains, de relations libres avec des pays librement choisis ? S’agit-il de n’être en définitive libre que de se soumettre aux injonctions de l’Occident, Amérique du Nord et Europe ? Ou alors les vocables associés en labels redoutables, démocratie et liberté, seraient-ils surtout, depuis les anciennes terres d’esclavage, de colonisation, de tueries racistes en séries trop actuelles, un habillage malhabile des nouvelles ambitions monopolistiques et hégémoniques ?

Ce dont les Africains seront comptables, ce sera de s’être nullifiés en se fondant dans les logiques de bellicistes de camps, dans les embrigadements géopolitiques qui accroissent les tensions suicidaires d’un monde en proie à l’accentuation des tentations prédatrices, hégémoniques. Un réarmement idéologique des Africains et Afrodescendants à partir des imaginaires propres de l’équilibre, de la paix et du consensus, Maât égypto-nubienne, charte du Mandé (Manden Kalikan), Ubuntu, Heer Issa, Gacaca, … réaffirmant la prééminence de la protection du vivant contre les logiques forcenées de la destruction ontologique des différents est nécessaire ; autant que la promotion des intérêts souverains des Africains libres. A rebrousse poils des trop nombreux compradores près à s’enrôler pour un régiment étranger de plus, surnuméraires fiers en quête de récompenses condescendantes, il s’agit de plaider et d’accomplir l’Afrique en elle-même et en ses valeurs, berceau et gardienne de l’humanité, force de proposition en mouvement utilisant les résistances comme préconditions, instruments d’un ailleurs non déjà colonisé.