La Grande-Bretagne et l’Union européenne entament ce mardi une bataille juridique devant la Cour permanente d’arbitrage (CPA) à La Haye. Au cœur du différend, les restrictions britanniques sur la pêche aux lançons en mer du Nord, que Bruxelles considère comme une violation des accords commerciaux post-Brexit.

Un arbitrage sous tension
Pendant trois jours d’audiences, les deux parties exposeront leurs arguments devant un panel d’arbitres internationaux, composé d’un Français, d’un Néo-Zélandais et d’un Sud-Africain. La décision, attendue d’ici fin avril, pourrait soit confirmer l’interdiction imposée par Londres, soit donner raison à l’Union européenne. Si cette dernière obtient gain de cause, elle pourrait adopter des mesures de rétorsion si le Royaume-Uni ne se conforme pas au verdict.

Bien que les enjeux financiers soient modestes – Londres estime les pertes pour les flottes européennes à un maximum de 56 millions d’euros –, l’affaire est hautement symbolique. Une décision défavorable au Royaume-Uni risquerait de raviver les tensions entre les partisans du Brexit, soucieux de préserver la souveraineté britannique, et les défenseurs de l’environnement. Ces derniers pourraient contester toute concession perçue comme un retour en arrière sur les engagements écologiques.

Un contexte politique délicat
Le litige intervient à un moment charnière pour le gouvernement britannique dirigé par le Premier ministre Keir Starmer. Désireux de « réinitialiser » les relations avec l’UE après des années de tensions, Londres pourrait voir ses efforts diplomatiques entravés par ce contentieux.

M. Starmer participera lundi prochain à une réunion informelle des dirigeants européens à Bruxelles, où des sujets clés comme les liens de défense face à la Russie et la pression exercée par les États-Unis pour augmenter les dépenses militaires des membres de l’OTAN seront débattus. Ces échanges seront également l’occasion pour Londres de réaffirmer sa volonté de renforcer les relations avec le bloc communautaire, bien que les divergences sur des questions comme les échanges agroalimentaires persistent.

Le jugement de la CPA, au-delà de ses implications pour l’industrie de la pêche, pourrait exacerber les défis politiques pour le gouvernement travailliste. Une décision favorable à l’UE pourrait provoquer des réactions virulentes de l’opinion publique britannique, compliquant davantage le dialogue entre Londres et Bruxelles.

Ce litige illustre les multiples frictions qui subsistent dans la relation post-Brexit entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne. Il met en lumière les difficultés de trouver un équilibre entre respect des accords internationaux, souveraineté nationale et gestion des relations diplomatiques.
Par Zaynab SANGARÈ