Landscape of Trees With the changing environment, Concept of climate change.

Un rapport publié lundi 27 octobre par un collectif d’associations alerte sur la multiplication des projets d’extraction d’énergies fossiles dans le monde. Selon cette étude, plus de 2 300 nouveaux projets ont été lancés depuis 2021, mettant gravement en danger les objectifs fixés par l’Accord de Paris pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C.

Rédigé par les organisations Éclaircies, Data for Good, LINGO et Reclaim Finance, le rapport souligne que cette nouvelle ruée vers le pétrole, le gaz et le charbon compromet la transition énergétique engagée depuis la COP28 de Dubaï. Si tous ces projets voient le jour d’ici 2050, leurs émissions cumulées représenteraient onze fois le budget carbone mondial restant compatible avec la limite de 1,5 °C de réchauffement.

Parmi ces projets figurent de gigantesques exploitations baptisées « bombes carbone », capables chacune de générer plus d’un milliard de tonnes de CO₂ sur leur durée d’exploitation. Le rapport recense désormais 601 bombes carbone dans le monde, soit 176 de plus qu’il y a deux ans. Ces projets sont concentrés notamment en Russie, en Australie et aux États-Unis, et impliquent de grands groupes énergétiques tels que TotalEnergies, BP, Shell, Eni ou la China National Offshore Oil Corporation (CNOOC).

« Ces nouvelles données montrent que l’industrie fossile et ses financeurs réduisent à néant l’Accord de Paris », déplore Lou Welgryn, secrétaire générale de Data for Good. « Depuis des années, les profits à court terme priment sur la prévention d’un effondrement climatique irréversible. » De son côté, Kjell Kühne, directeur de LINGO, estime que « les bombes carbone sont le test décisif de la volonté réelle de la communauté internationale d’abandonner les hydrocarbures ».

Le rapport met également en cause le rôle des grandes banques. Malgré leurs engagements en faveur du climat, les 65 plus grands établissements financiers mondiaux ont accordé 1 600 milliards de dollars depuis 2021 aux entreprises impliquées dans ces projets fossiles.

« En continuant à financer les compagnies pétrolières et gazières, les banques participent directement à l’aggravation du dérèglement climatique », accuse Louis-Maxence Delaporte, responsable de la recherche énergie à Reclaim Finance. « Ces fonds devraient être réorientés vers les énergies renouvelables et les projets indispensables à la transition. »

En France, la Société Générale figure parmi les principaux contributeurs, avec 23,2 milliards de dollars versés à 56 entreprises, dont TotalEnergies et Eni. À moins de trois semaines de la COP30 de Belém, prévue au Brésil, les auteurs du rapport dénoncent une incohérence persistante entre les engagements climatiques des États et la poursuite du financement massif des énergies fossiles.