Depuis la crise économique provoquée par la Covid-19, les taxes aéroportuaires ont grimpé en flèche, rendant les billets d’avion presque inaccessibles pour de nombreux voyageurs. Les agences de voyages, quant à elles, se justifient en pointant du doigt l’Association internationale du transport aérien (IATA), accusée de complexifier les transactions par des garanties et des amendes coûteuses.

Cette situation rend difficile pour beaucoup de nos compatriotes de rejoindre leurs familles lors de grands événements comme la fête de la Tabaski, les vacances scolaires ou même pour des évacuations médicales urgentes. Les observateurs et acteurs du secteur aéronautique s’en inquiètent, soulignant l’impact significatif sur la mobilité des citoyens.

Les agences de voyages, tant formelles qu’informelles, naviguent dans un environnement de plus en plus complexe, où la hausse des coûts opérationnels et des taxes aéroportuaires pèse lourdement sur le prix final des billets. Les passagers sont ainsi confrontés à des tarifs prohibitifs, les obligeant souvent à renoncer à leurs déplacements ou à chercher des alternatives moins onéreuses.

En outre, la volatilité du secteur aérien post-pandémie a conduit à une révision des politiques tarifaires des compagnies aériennes, ajoutant une couche supplémentaire de difficulté pour les consommateurs. Les discussions autour des taxes aéroportuaires, jugées excessives par certains, et des mécanismes de régulation des prix des billets d’avion sont devenues essentielles pour envisager des solutions pérennes.

Face à ces défis, des propositions émergent pour alléger les charges fiscales sur les billets d’avion, stimuler la compétitivité des agences de voyages et faciliter l’accès au transport aérien pour tous. Les experts recommandent également une révision des accords internationaux et une meilleure coopération entre les parties prenantes afin de réduire les coûts induits par la régulation internationale.

Les agences informelles une conséquence de la cherté des billets

Pour ouvrir une agence de voyage aujourd’hui, il n’est plus nécessaire de disposer d’un local ou de grands moyens. Il suffit d’un numéro d’identification nationale des entreprises et associations (NINEA), d’un registre de commerce, d’un ordinateur et d’un contact collaborateur pour la vente et l’émission de billets via le système Amadeus avec un identifiant d’office. Ces collaborateurs peuvent vous intégrer à leur plateforme, vous permettant ainsi de réserver des billets. Pour l’émission des billets, il faut les payer. Si le client rencontre des problèmes et souhaite modifier son billet ou autre, vous n’aurez pas accès direct au dossier et devrez contacter le collaborateur qui en a l’exclusivité.

En résumé, la structure d’une agence de voyage avec agrément IATA (Association Internationale du Transport Aérien) repose sur une chaîne complexe de collaborateurs, semblable à un car rapide avec un chauffeur, un apprenti et plusieurs coxeurs (rabatteurs) cherchant des clients. Cependant, à la différence d’un car rapide, le billet émis par une compagnie agréée peut passer par plusieurs circuits avant d’arriver au client final. Chaque coxeur prélève une commission, variant entre 20 000 FCFA et 100 000 FCFA, surtout pour les billets de classe affaires ou les destinations longues.

Selon nos interlocuteurs, il existe deux accès IATA : l’IATA EasyPay, géré par carte bancaire, et l’IATA standard, où les garanties sont automatiquement versées. Les amendes du système peuvent générer des sommes importantes à payer dans les 15 jours par l’agence, ce qui peut contribuer à l’augmentation des frais d’émission de billets par l’agence.

L’impact des taxes aéroportuaires sur les billets

Les taxes aéroportuaires imposées sur les billets d’avion sont extrêmement élevées. Par exemple, pour un billet aller-retour Dakar-Saint Louis coûtant 60 000 FCFA, les taxes s’élèvent entre 28 000 et 33 000 FCFA, représentant presque la moitié du prix du billet. Cette situation est dénoncée par les compagnies aériennes comme étant la principale cause de la cherté des billets.

Par ailleurs, ces compagnies ont presque toutes cessé de verser des commissions, qui s’élevaient à 6 ou 9 %, aux agences de voyage. De grandes compagnies internationales telles que SN Brussels, Air France, Turkish Airlines et Ethiopian Airlines ne versent plus ces commissions, contrairement à des compagnies comme Air Sénégal et Asky. En conséquence, les agences de voyage ne bénéficient plus que des frais de service.

Des experts en audit commercial nous révèlent que la concurrence est marquée par une grande complexité et repose fortement sur le marketing. Les compagnies aériennes mettent en avant le confort, la sûreté, la sécurité et le service clientèle. Selon les spécialistes en marketing commercial aéronautique, les clients ne se plaignent pas de la cherté des billets grâce aux stratégies mises en place par les compagnies. Si un client se sent à l’aise, voyage dans un avion de dernière génération avec un personnel de bord professionnel et convivial, et est assuré que ses bagages arriveront à bon port, la question du prix des billets devient secondaire.

Un acteur du secteur nous a déclaré qu’un billet d’avion ne peut pas être à la portée de tous, car la nature même du voyage exclut cela. Il a rappelé la définition du transport aérien : « Le transport aérien est l’activité qui assure le déplacement de personnes de différentes catégories (passagers ordinaires, passagers spéciaux, personnalités ou VIP) ainsi que des marchandises (fret, poste, envoi express, matières dangereuses), par voie aérienne, d’un point A (provenance) vers un point B (destination) en respectant les principes de sécurité, de confort et de rapidité. »

En somme, la structure tarifaire des billets d’avion est complexe et influencée par de nombreux facteurs, allant des taxes aéroportuaires aux stratégies commerciales des compagnies aériennes.

Certaines compagnies cherchent à optimiser leurs opérations pour réduire les coûts ailleurs et limiter l’impact sur les prix des billets.
Les passagers deviennent plus sensibles aux prix et recherchent davantage de comparaisons et d’offres spéciales.
Des discussions sur la régulation des taxes aéroportuaires et leur impact économique sont en cours dans plusieurs pays, visant à trouver un équilibre entre financement des infrastructures et accessibilité des voyages aériens.

La hausse des taxes aéroportuaires, bien qu’essentielle pour l’amélioration des infrastructures et de la sécurité, a des répercussions importantes sur les prix des billets d’avion. Les compagnies aériennes et les passagers doivent naviguer dans ce contexte de coûts accrus, cherchant des moyens de s’adapter tout en assurant la viabilité et l’accessibilité des voyages aériens. Zaynab SANGARÈ