L’Etat du Sénégal n’a jamais mis en place une politique visant à protéger ses ressortissants (à l’étranger). Pis, il n’y a pas de suivi concernant les Sénégalais tués à l’extérieur dont le nombre est estimé à plus de 85, entre 2011 et 2018. Suffisant pour que Boubacar Seye, président d’Horizon sans frontière en appelle à la responsabilité de l’Etat qui doit protection à ses ressortissants, à l’occasion de la Journée internationale des migrants célébrée hier, mardi 18 décembre 2018, sous le thème: «Des migrations dignes.»

«De 2011 à nos jours (2018) il y a plus de 85 sénégalais tués à l’étranger; soit plus d’un Sénégalais tué chaque moi. Et les dossiers sont sans suite», déclare le président d’Horizon sans frontière (Hsf) Babacar Seye. Joint au téléphone par nos soins hier, mardi 18 décembre, Journée internationale des migrants, M. Seye note qu’en matière d’assistance à ses ressortissants, l’Etat du Sénégal brille de par son absence. «Il n’y a jamais eu de politique migratoire de la part des autorités sénégalaises. Macky Sall n’a jamais posé le débat sur une véritable prise en charge de nos compatriotes qui vivent à l’extérieur», a fait savoir le président d’Horizon sans frontière. Il annonce que «nous avons demandé à ce que l’Etat se constitue partie civil et, par le biais du Procureur, ouvre une enquête, avec la coopération du JF pour permettre aux familles des victimes de suivre les dossiers. Mais tel n’a jamais été le cas».

A l’en croire, aujourd’hui, la diaspora sénégalaise est orpheline, elle est demandeur de solution, d’alternative. Mais, malheureusement, l’Etat du Sénégal a toujours brillé par son absence, explique-t-il. «Je prends l’exemple des Sénégalais qui ont maille avec la justice des pays d’accueil, il y a aucune assistance de la part de l’Etat. Permettez-moi de rappeler le cas Mbayang Diop qui a été condamné à mort en Arabie Saoudite. L’exemple de Cheikh Diaw qui purge une peine de 30 ans de réclusion criminelle pour un crime qu’il n’a pas commis. La liste n’est pas exhaustive».

Selon lui, beaucoup de Sénégalais sont sous menace d’expulsion et de rapatriement. Sans compter nos compatriotes qui ont déjà été retournés au bercail, avec l’accord de l’Etat qui accepté ce rapatriement collectif. «Je parlerai des Sénégalais qui ont été rapatrié des Etats-Unis (141 personnes). L’Etat est absent, il ne répond pas aux préoccupations des Sénégalais de l’extérieur.» Et Boubacar Seye de souligner qu’avec «la monté du populisme et des partis d’extrême droite, on aurait souhaité que l’Etat soit plus attentif et qu’il défende ses concitoyens.»

M. Seye en veut pour preuve une enquête réalisée dans trois pays que sont la France, l’Espagne et l’Italie, entre le 1e et le 17 novembre qu’il vient de publier et qui montre que 88% des Sénégalais de la diaspora son déçus par la politique étrangère du régime de Macky Sall. «Plus de 88% des immigrés sénégalais sont déçus par le régime et 62% souhaitent le départ du président». Il ajoutera, dans la foulé, que «les ressortissants sénégalais sont surtout déçu du clientélisme, de la gestion clanique,… la gestion partisane. Et, le cas le plus évoqué, c’est la régression des libertés individuels, la dictature rampante».

Bref, Horizon sans frontière tire un bilan peu reluisant de l’immigration. En de relever qu’entre 2014 et 2017, plus de 15.336 morts ont été dénombrés en Méditerranée, plus qu’il y a 20 ans. En 2018, soit en une année, 1686 personnes ont perdu la vie parmi les candidats à l’immigration. Des chiffres qui sont en deçà de la réalité, tellement il est difficile de cerner le problème, notamment les égarés dans le désert, les embarcations qui ont chaviré et dont on a aucune trace…