Le système de santé est certainement paralysé dans presque toutes les structures de santé du pays. Cependant, à Dakar, on peut se réjouir d’avoir des hôpitaux militaires. Car à l’hôpital militaire de Ouakam, certains usagers disent n’avoir pas ressenti le mouvement du Collectif des travailleurs de la Santé et de l’Action sociale, qui a décrété 48 heures de grève pour dénoncer le traitement partial dans l’affaire Astou Sokhna, par les autorités.



Il est 10h à l’hôpital militaire de Ouakam. L’endroit n’est pas grouillant de monde. On est loin de l’ambiance habituelle dans les hôpitaux comme Le Dantec ou de Pikine. Ici, les patients ne sont pas très nombreux, apparemment cet état de fait n’est pas dû à la grève de 48 heures décrétée par les travailleurs de la santé.

En tout cas, si on en croit les usagers rencontrés sur place, les services fonctionnent normalement. C’est le cas d’une femme rencontrée au service de pédiatrie de cet hôpital. La dame, qui s’apprête à rentrer chez elle, semble même ne pas être au courant du mouvement d’humeur des agents de la santé qui secoue le pays. Interpellée sur la question, elle assure qu’elle n’a pas senti de ralentissement ou d’arrêt de travail dans l’hôpital.

«J’étais venue pour récupérer des résultats d’analyse. Je les ai récupérés, mais je n’ai vraiment pas senti la grève des travailleurs de la santé», a-t-elle lancé. Même son de cloche du côté d’une autre accompagnante, qui est en train de vider les lieux. «Nous avons pu bénéficier de soins, nous n’avons vraiment pas senti de grève dans cet hôpital», enchaîne-t-elle.

Les propos de ces femmes sont confortés par cette longue file d’attente au niveau du service d’ophtalmologie. Dans cet endroit, les gens attendent patiemment leur tour pour se faire consulter.

A la pédiatrie de l’hôpital, ce n’est pas le rush, mais les quelques patients sur les lieux n’ont pas ressenti le mouvement d’humeur. Sokhna Maï qui porte son enfant sur le dos, vient de sortir de là ; son bébé a été consulté sans aucun souci. Tout comme elle, Mansour Guèye, la cinquantaine, est venu avec sa fille pour une consultation. Ce dernier, qui souligne que c’est la première fois qu’il vient dans cette structure de santé, fait savoir qu’il n’était même pas au courant de la grève. «Les travailleurs de la santé sont en grève ? C’est vous qui me l’apprenez», a-t-il rétorqué.

Un peu plus loin, vers la sortie, Aïda, une jeune dame d’une trentaine d’années, qui porte une blouse blanche, hâte le pas pour se diriger vers les urgences. Interrogée sur le mouvement d’humeur, tout comme les patients, elle note que les services sont assurés. Cette dame, qui travaille au service d’hémodialyse et faisant partie du personnel civil de l’hôpital, informe que tout se passe normalement.

Abdou Khadre Sy, lui, est un sapeur-pompier ; tout comme les autres patients rencontrés, il n’a pas noté de changement dans le déroulement des activités. Assis sur un des bancs publics de l’hôpital, M. Sy confie qu’il a récupéré ses résultats d’analyse et de radiographie, avant de retourner au service de neurologie. Si les autres usagers ne se sont pas appesantis sur la différence entre cet hôpital et les autres, M. Sy ne s’est pas privé de donner des explications.

Selon le sapeur-pompier, «dans cet hôpital, on ne peut pas sentir la grève parce que le personnel est composé majoritairement de militaires». Poussant sa réflexion plus loin, M. Sy ajoute: «En plus, c’est un secteur où on ne peut pas faire de grève, parce que quelle que soit la situation, le service minimum sera assuré.»

C’est presque le même constat à l’hôpital Principal de Dakar, également géré par l’Armée. Cette structure n’est pas paralysée par le mouvement d’humeur des travailleurs de la santé. Dans les couloirs, les patients attendent pour bénéficier des services pour lesquels ils ont fait le déplacement. Comme quoi, il faut se réjouir d’avoir des hôpitaux militaires.