Signé le 4 février 2003 par Paris et Londres, lors du 25e sommet franco-britannique, le «traité du Touquet» vise à contrer l’immigration clandestine en Grande-Bretagne, en renforçant les contrôles au départ de la France, où est désormais fixée la frontière commune entre les deux pays.Après la noyade mercredi au large de Calais de vingt-sept migrants clandestins qui tentaient de gagner la Grande-Bretagne, la tension s’est sensiblement accrue entre les deux pays. Paris a annulé la participation britannique à une réunion de crise sur les migrants prévue dimanche, en riposte aux propos de Boris Johnson demandant à la France de reprendre les immigrés arrivant en Grande-Bretagne.


Aux termes du traité, entré en vigueur le 1er février 2004, des contrôles communs doivent avoir lieu dans les ports maritimes des deux pays, devenus des points de passage pour les migrants clandestins. Il s’agit à l’époque de tourner la page du centre d’accueil de Sangatte, fermé quelques mois auparavant à la de- mande de la Grande-Bretagne. Le texte introduit notamment des bureaux de contrôle d’immigration communs, dits «juxtaposés», dans les ports de la Manche et de la Mer du Nord (Calais, Boulogne- sur-mer et Dunkerque côté français, Douvres côté britannique). Cet accord bilatéral est accusé côté français d’alimenter la crise migratoire dans la région de Calais, en y bloquant des candidats à l’immigration vers le Royaume-Uni, attirés par une «législation britannique plus favorable en matière d’asile et d’accès au marché du travail». Il a été complété par d’autres accords bilatéraux en 2009, 2010, 2014 et 2018 renforçant le contrôle et la sécurisation par la France de la frontière entre les deux pays, le Royaume uni s’engageant en échange à verser une compensation financière à la France. L’accord de 2018 («Traité de Sundhurst»), le premier signé après le Brexit, prévoit également d’ «améliorer la gestion technique et opérationnelle de la frontière commune». Un volet spécifique concerne les mineurs isolés.

En France, à droite comme à gauche, des voix se sont élevées pour demander la révision de l’accord du Touquet. Le Secours catholique a également demandé sa remise en cause. Le 9 octobre, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait jugé nécessaire de négocier avec Londres «un traité qui nous lie sur les questions migratoires». Il avait également réclamé l’argent promis par la Grande-Bretagne pour lutter contre le trafic sur les côtes françaises.

Le Royaume Uni s’est engagé fin juillet à payer à la France 62,7 millions d’euros en 2021-2022. Durant sa campagne de 2017, Emmanuel Macron avait lui-même déclaré qu’il souhaitait «remettre les accords du Touquet sur la table,pouvoir en renégocier les modalités, en particulier pour les mineurs».