Dans un contexte global marqué par l’instabilité économique, la montée des tensions géopolitiques et les incertitudes commerciales, le continent africain fait figure d’exception. Selon le rapport publié en octobre 2025 par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), l’Afrique a enregistré une croissance commerciale de près de 10 % sur un an, soit la plus forte progression à l’échelle mondiale. À la même période, le commerce intra-africain a également augmenté de 8 %, confirmant le rôle moteur des échanges régionaux et du commerce Sud-Sud dans la résilience du continent.
Alors que les grandes économies mondiales font face à une stagnation, voire à un recul de leurs flux commerciaux, l’Afrique affiche une dynamique soutenue. Au deuxième trimestre 2025, le commerce africain a progressé de 6 % par rapport au trimestre précédent. Sur une base annuelle glissante, la croissance atteint 10 %, une performance remarquable dans un environnement global caractérisé par la volatilité des marchés et le durcissement de certaines politiques commerciales.
Le commerce intra-régional apparaît comme l’un des principaux moteurs de cette dynamique. Au deuxième trimestre, les échanges entre pays africains ont progressé de 9 % par rapport au trimestre précédent, et de 8 % sur un an. Ces résultats traduisent l’effet structurant des initiatives d’intégration régionale, en particulier la mise en œuvre progressive de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Si les importations africaines ont progressé de 8 % au deuxième trimestre, les exportations sont restées stables. Sur une base annuelle, elles ont légèrement reculé, tout comme les importations, de l’ordre de 1 %, soulignant la dépendance encore forte à la demande extérieure, mais aussi l’importance croissante du marché continental.
Le rapport de la CNUCED situe ces performances dans une tendance plus large observée parmi les économies en développement, qui ont porté l’essentiel de la croissance du commerce mondial au deuxième trimestre. Les importations de ces pays ont progressé de 6 %, alors que celles des économies avancées sont restées globalement inchangées. L’Afrique, en particulier, bénéficie de relations commerciales renforcées avec l’Asie de l’Est, autre pôle de croissance dans le commerce mondial.
L’analyse sectorielle contenue dans le rapport met en lumière plusieurs tendances dont l’Afrique pourrait tirer parti. Dans le secteur agricole, les échanges ont progressé de 2 % au deuxième trimestre, portés notamment par une hausse de 15 % du commerce de produits comme le café, le thé et les épices, dans lesquels plusieurs pays africains disposent d’avantages comparatifs. Le secteur manufacturier, avec une croissance de 3 % sur le trimestre et de 9 % sur l’année, constitue également un levier de diversification. En revanche, les ressources naturelles ont enregistré un recul de 2 %, en lien avec la baisse des prix des combustibles fossiles, un domaine encore structurant pour de nombreuses économies africaines.
Malgré ces résultats prometteurs, le rapport souligne plusieurs risques susceptibles de peser sur la trajectoire du continent. Les incertitudes liées à la politique commerciale américaine, la persistance de tensions géopolitiques, la résurgence de mesures protectionnistes face aux surcapacités mondiales, ou encore les conflits régionaux constituent autant de facteurs de vulnérabilité.
La CNUCED reste néanmoins optimiste pour les mois à venir. Elle met en avant le rôle accru des économies en développement dans la stabilisation du commerce mondial, la résilience du système multilatéral, et l’expansion continue du commerce des services. Pour l’Afrique, les perspectives restent positives, à condition de consolider l’intégration régionale, de renforcer les infrastructures logistiques et de poursuivre la diversification économique.
La performance commerciale du continent au premier semestre 2025 constitue une opportunité historique. Dans un monde économique en recomposition, l’Afrique affirme sa capacité à s’inscrire dans les chaînes de valeur mondiales à ses propres conditions, en s’appuyant sur une croissance portée de l’intérieur et sur des partenariats Sud-Sud de plus en plus structurés.