Voir les choses en grand. A l’échelle plané- taire. C’est la vision qu’a voulu développer le multimilliardaire Bill Gates lorsqu’il s’est rendu à Londres au musée des sciences, le 19 octobre, lors du Global investment summit. En compagnie du Premier ministre britannique Boris Johnson, le fondateur de Microsoft faisait face ce jour-là à des patrons du secteur privé.


Le rendez-vous, destiné à encourager les grands investisseurs internationaux à financer le meilleur de l’innovation britannique se voulait détendu. Boris Johnson, a donc présenté leur plan commun : « Bill met 200 millions de livres… ». « 400 millions chacun », l’a corrigé Bill. « Wow, si vous mettez 400, je pense qu’il va falloir que je retourne voir le chancelier de l’Echiquier [NDLR : le ministre des finances]. » Eclats de rire dans la salle.
En réalité, Boris Johnson avait raison : chaque partie mettra 200 millions de livres, l’investissement global étant de 400 millions (473 millions d’euros). Les investissements, qui commenceront l’année prochaine, s’étaleront sur cinq ans. Bill Gates, désormais quatrième fortune mondiale depuis son divorce, a trouvé en Boris Johnson un partenaire de circonstance dans sa quête d’atteindre l’objectif de zéro émissions d’ici à 2050.


Programme précis. Mais construire la première usine d’hydrogène vert ou la première aciérie propre nécessite des investissements massifs. Pour faire baisser les coûts de production, et rendre le secteur attractif commercialement, il lui faut donc l’aide du secteur privé, d’où l’alliance avec le fondateur de Microsoft. « Ni le gouvernement britannique, ni le contribuable ne peuvent le faire seuls. Ça ne va pas fonctionner. Nous, nous pouvons déployer des centaines de millions, mais ce sont les milliards du marché qui vont permettre de réaliser nos objectifs », a justifié Boris Johnson.
En travaillant main dans la main avec le gouvernement britannique, Bill Gates joint donc l’acte à la parole. En effet, dans son livre Climat : comment éviter le désastre, publié en février dernier, il déroule sur 350 pages, un programme précis de son mode d’emploi pour sauver la planète l’ouvrage est désormais gratuit en téléchargement pour les étudiants et les lycéens. La clé est toujours la même : une injection importante de fonds dans l’innovation dans une variété de secteurs réacteurs.


L’homme d’affaires américain va, avec
le gouvernement britannique, sélectionner les projets soutenus par le nouveau fonds
nucléaires nouvelle génération, hydrogène, stockage thermique, biocarburants issus de déchets agricoles, viande artificielle, revête- ments prolongeant la durée de vie des fruits et légumes…
Bill Gates va maintenant, avec le gouvernement britannique, sélectionner les projets soutenus par le nouveau fonds. L’homme d’af- faires américain n’y est pas désintéressé. En mars dernier, il a quitté le conseil d’administration de Microsoft pour se consacrer pleinement à son activité de philanthrope et d’investisseur. Dès 2008, il a fondé « Terra Power » qui développe une classe de réacteurs nucléaires dite à ondes progressives.

En effet, en parallèle des énergies renouvelables, la construction de nouvelles centrales nucléaires est, selon Bill Gates, essentielle pour réduire le recours aux énergies fossiles. Huit ans plus tard, en 2015, il a aussi créé le Breakthrough Energy Ventures, un fonds finançant des start-up innovantes. Sans compter ses autres participations, notamment dans une société de géo-ingénierie appelée Carbon Engineering, très contestée par les mouvements écologistes