La plénière convoquée, hier lundi, pour l’examen du pro- jet de loi réformant le Code électoral, a été houleuse. En cause, l’inéligibilité de Karim Wade et Khalifa Sall. Frappés d’inéligibilité suite à leurs condamnations respectives, Karim Meïssa Wade et Khalifa Ababacar Sall ne seront pas réta- blis dans leurs droits civils et politiques. Macky Sall qui devait arbitrer, les maintient dans leur inéligibilité avec les dispositions des articles L31 et 32 devenus L29 et L30 dans le nouveau Code qui a été soumis au vote des députés.
Prévue à 10h, la séance a démarré à 13h15 mn. Et lors de la plé- nière, les cas Karim Wade et Khalifa Sall se sont invités houleu- sement au débat. C’est Serigne Cheikh Mbacké Bara Doly qui ouvre les hostilités.
Le président du groupe parlementaire Liberté et Démocratie n’a même pas attendu la discussion générale soit ouverte pour soule- ver cette question. Dès que le rapporteur général a fini la lecture du rapport, il a demandé la parole pour une question préalable. Devant ses collègues députés, le chef de file de Libéraux à l’As- semblée nationale a plaidé pour que la loi soit retournée. Parce que, a-t-il estimé, elle est anticonstitutionnelle du fait de ses arti- cles 29 et 30 qui privent l’inscription sur les listes électorales les individus ayant subi une condamnation ferme de plus d’un. Se- rigne Cheikh Mbacké sera conforté par son jeune frère, Toussaint Manga. « Ce n’est qu’au Sénégal qu’un citoyen perde ses droits civiques et politiques sans que le tribunal qui l’a condamné ne les prononce’’, a déclaré M. Manga.
Mais l’amendement des députés Libéraux ne sera pas adopté par leurs collègues. C’est la présidente de la Commission des Lois, Die Mandiaye Ba, qui a été la première a monté au créneau. Pour elle, il n’y a rien de nouveau sous soleil. Elle renvoie le député de Mbacké au Code électoral consensuel de 1992.
À l’en croire, les dispositions des articles L29 et L30 n’ont pas connu de modification depuis cette date. Sa collègue Yaya Diallo est du même avis. Rapporteur de la Commission des Lois, Diallo rappelle que cette affaire de Karim Wade et Khalifa Sall n’a jamais été inscrite dans les termes de référence de la Commission poli- tique dialogue national. D’ailleurs, elle estime que, Serigne Cheikh Mbacké et ses frères de parti font de la manipulation et de la diversion. ’’ Karim Wade n’est pas plus Sénégalais que les autres’’, a-t-elle conclu.
Pour sa part, Toussaint Manga (PDS) avertit le pouvoir car, à son avis, il n’y a pas d’issue en 2024 pour une élection qui écarterait Khalifa Sall et Karim Wade. Et selon Antoine Diome, il n’est pas de son ressort de préciser si un citoyen est autorisé ou pas à être candidat ou à s’inscrire sur les listes électorales. Pour le ministre de l’intérieur, il appartient aux services compétents et aux person- nels dédiés, prévus par le Code électoral, de recevoir et d’appré- cier les candidatures et ou les inscriptions des citoyens. « Ce n’est ni par décret ni par arrêté que ces questions peuvent être réglées’’,déclare le ministre Diome.