Le magnat des affaires français plus grand que nature Bernard Tapie, décédé dimanche à l’âge de 78 ans, était un symbole du meilleur et du pire du capitalisme de marché libre. Sa carrière de cape et d’épée a couvert les affaires, le sport, la politique et les arts, mais aussi le scandale et la prison. Tapie, qui a révélé en 2017 qu’il était atteint d’un cancer de l’estomac et de l’œsophage, a fait une fortune colossale, l’a perdue puis l’a regagnée, pour finalement mettre fin à ses jours à la suite d’un scandale qui a impliqué Christine Lagarde, aujourd’hui à la tête de la Centrale européenne. Banque. « S’il y a une chose que je sais faire, c’est faire de la pâte », s’est vanté un jour le magnat bronzé en permanence. Mais en 2015, il a été forcé d’admettre : « Je suis ruiné. Je n’ai rien. » Comme beaucoup de ses déclarations flamboyantes, cela devait être pris avec une pincée de sel – bien qu’il soit en effet descendu dans ses derniers manoirs.

– Raider d’entreprise –

Né à Paris occupé le 26 janvier 1943, les débuts de Tapie sont modestes, vendant des téléviseurs le jour dans la classe ouvrière de Belleville tout en s’essayant au crooner la nuit.Mais il a rapidement abandonné le chant et a amassé un petit empire à l’âge de 30 ans en reprenant des entreprises en difficulté, en récupérant 50 en quelques années. En 1990, il fait la une des journaux en rachetant le géant allemand des vêtements de sport Adidas, un achat qui reviendra plus tard le hanter. Il a fait étalage de sa richesse en achetant une vaste maison de ville parisienne et une série d’hôtels particuliers sur la Côte d’Azur ainsi qu’un yacht de 72 mètres (236 pieds). Fan de sport avec une carrure de boxeur, Tapie a également utilisé sa fortune pour acheter une équipe cycliste qui a remporté deux fois le Tour de France. En 1986, il a acheté l’un des clubs de football les plus appréciés de France, l’Olympique de Marseille, guidant l’équipe vers cinq triomphes successifs en championnat et le titre de la Ligue des champions en 1993.Fort de ce succès, il s’est forgé une carrière politique, remportant les élections au Parlement français en 1989 et 1993 et devenant député au Parlement européen en 1994 après avoir brièvement été ministre sous le président François Mitterrand. Zaynab Sangarè