Liz Truss a été désignée, lundi 5 septembre, pour prendre la succession de Boris Johnson, par les quelque 160 000 membres du parti conservateur. A 47 ans, elle devient la troisième femme à occuper le poste de Première ministre de l’histoire du Royaume-Uni, après une campagne de plusieurs semaines contre Rishi Sunak. Elle sera officiellement nommée Première ministre lors d’une cérémonie avec Elizabeth II, mardi.


L’ancienne ministre des Affaires étrangères, au positionnement très à droite notamment sur les questions économiques, va devoir faire face à la crise du coût de la vie qui touche le pays. Une mission à haut risque : seuls 35% des Britanniques trouvent qu’elle ferait une bonne Première ministre, selon un sondage publié par Inews. Fidèle de Boris Johnson, entrée au cabinet en 2014, elle est notamment connue pour son parcours politique atypique et son franc-parler. Franceinfo vous résume cinq choses à savoir sur la nouvelle Première ministre du Royaume-Uni.

1- Elle vient d’une famille «très à gauche»

Liz Truss, née en 1975 à Oxford, a grandi au sein d’une famille qu’elle a déjà décrite comme «très à gauche». Son père était professeur de mathématiques à l’université. Sa mère, infirmière et enseignante, avait rejoint les rangs de la Campagne pour le désarmement nucléaire (CND). Selon les informations du journal «The Observer», ses parents ont été «horrifiés» en apprenant que leur fille était désormais membre du parti conservateur. A l’école aussi, «je ne connaissais aucun conservateur, relevait-elle encore. Tous mes professeurs étaient des sympathisants travaillistes.»

2- Elle a d’abord été centriste

La jeune Britannique intègre la prestigieuse université d’Oxford en 1993, pour y étudier les sciences politiques, la philosophie et l’économie. L’université rappelle qu’à l’époque, Liz Truss a présidé le groupe de militants libéraux-démocrates du campus. Centriste ayant baigné dans des idées de gauche, l’étudiante se positionne en faveur de l’abolition de la monarchie au Royaume-Uni. Nous sommes alors en 1994, lors d’une conférence des libéraux-démocrates à Brighton (Royaume-Uni). «Nous croyons en l’opportunité pour tous, déclare-t-elle. Nous ne croyons pas que des personnes sont nées pour gouverner.»

Des propos que la Britannique, devenue membre des «Tories» en 1996, décrira plus tard comme «une erreur.» «Les gens savent peut-être que j’ai un passé un peu douteux», a-t-elle déclaré face à un public conservateur en août, relève le Washington Post. «Nous faisons tous des erreurs, nous avons tous eu des mésaventures d’adolescent. Certaines personnes ont des rapports sexuels, consomment de la drogue et écoutent du rock’n’roll. Moi, j’ai rejoint les libéraux-démocrates. Je suis désolée.»

3- Elle a occupé plusieurs postes ministériels

En 2014, quatre ans après avoir été élue parlementaire pour la circonscription de South West Norfolk, Liz Truss devient, à 38 ans, la plus jeune femme membre du cabinet au Royaume-Uni. L’élue conservatrice est nommée secrétaire d’Etat à l’Environnement, à l’Alimentation et aux Affaires rurales, puis secrétaire d’Etat à la Justice en juillet 2016, sous l’autorité de la Première ministre Theresa May. Secrétaire en chef du Trésor en 2017, elle devient secrétaire d’Etat chargée du Commerce international en 2019, puis, deux mois plus tard, ministre des Femmes et des Egalités. Liz Truss gravit un échelon supplémentaire en septembre 2021, lorsqu’elle est nommée à la tête du secrétariat d’Etat des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement.

En une année, la secrétaire d’Etat se prononce en faveur d’une révision unilatérale du protocole nord-irlandais, s’oppose très fermement à l’invasion russe de l’Ukraine, et met en œuvre des sanctions contre des oligarques russes, rappelle le Washington Post. Elle a néanmoins été critiquée pour ses propos soutenant les volontaires britanniques partis combattre en Ukraine. Plus récemment, Liz Truss n’a pas manqué de faire réagir en déclarant ne pas encore savoir si Emmanuel Macron était «un ami ou un ennemi» Une affaire qui a fait réagir jusqu’au chef de l’Etat français.

4- Elle a été contre le Brexit avant de changer d’avis

Liz Truss a fait campagne pour le camp du «non» lors du référendum sur le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), en 2016. Celle qui était alors ministre de l’Environnement a même été jusqu’à signer une tribune dans le Sun, qualifiant le Brexit de «triple tragédie – avec plus de règles, de formulaires et de retard lors de ventes à destination de l’UE». Sous le gouvernement de Theresa May, chargée des négociations avec l’UE, la conservatrice a changé d’avis, expliquant que le Brexit «donnait une opportunité de changer la façon dont les choses fonctionnent.»

Promue ministre des Affaires étrangères en 2021, elle a eu à s’occuper de l’épineux dossier nord-irlandais, qui empoisonne les relations entre Londres et Bruxelles. Une tâche complexe pour celle qui est devenue l’une des plus ferventes partisanes du Brexit et qui se veut intransigeante avec les partenaires européens.

5- Elle inquiète les écologistes

Championne du libre-échange et des baisses d’impôts, Liz Truss est fréquemment comparée à Margaret Thatcher au pouvoir entre 1979 et 1990. Malgré l’inflation galopante et les nombreux mouvements sociaux liés à la question des salaires qui touchent le Royaume-Uni, la nouvelle cheffe du gouvernement a promis durant sa campagne «de baisser les impôts et non pas de distribuer des subventions.»

Au sujet de la crise énergétique qui secoue le pays, Liz Truss est restée vague, promettant «une annonce durant la première semaine», explique le Guardian, sans donner plus de détails. Partisane du gaz de schiste et de l’exploitation de nouveaux gisements de pétrole en mer du Nord, la nouvelle Première ministre souhaite baisser les subventions sur les énergies renouvelables, explique Politico. Une promesse qui inquiète les associations de défense de l’environnement.