Serge Malou, jeune responsable de la mouvance présidentielle, s’adresse à son leader à travers une lettre ouverte. 



«Me permettez-vous, par gratitude pour la bienveillante confiance que vous m’avez faite depuis 2012 et soucieux également de votre juste réussite, de vous dire que votre bilan, si prometteur jusqu’ici, est menacé de la plus honteuse des manières et de la plus ineffaçable des couardises.

Vous êtes sorti sain et sauf de ces basses calomnies du passé et vous avez ensuite conquis les cœurs. Vous apparaissez toujours rayonnant dans cette démocratie que l’alternance a été pour notre Sénégal, et vous vous préparez à aller au suffrage de ce Juillet 2022, qui couronnera votre mandat de travail, de vérité et de liberté. Mais quelle tache de boue sur votre nom – j’allais dire sur votre quinquennat – que cette abominable traîtrise dont vous êtes victime ! Une horde de pyromanes vient, sur ordre, oser menacer un peuple, souffle suprême de toute vérité, de toute justice. Et c’est fini car le Sénégal a, sur la joue, cette souillure :  l’histoire écrira que c’est sous votre présidence qu’un tel crime social a pu être tenté. Puisqu’ils ont osé, j’oserai, moi aussi, dire la vérité. Cette vérité, je la dirai, car j’ai promis de la dire, si le parti, régulièrement saisi, ne le faisait pas, pleinement et entièrement. Mon devoir est de parler, je ne veux pas être complice : mes nuits seraient hantées par le spectre des morts qui errent ça et là, dans la plus affreuse des tortures, une mort qu’ils n’ont pas méritée. 

La vérité d’abord sur l’atteinte à la sûreté de l’État et sur cette affaire de mœurs.

Un homme néfaste a tout mené, a tout fait : c’est « l’inspecteur des salons de massage », alors simple épicurien. Cette vérité est l’affaire Adji Sarr toute entière ; on ne la connaîtra que lorsque dame justice aura établi nettement la culpabilité de ses actes et responsabilités. Il apparaît comme l’esprit le plus fumeux, le plus compliqué, hanté d’intrigues romanesques, se complaisant aux moyens des romans-feuilletons, les papiers volés, les lettres anonymes, les rendez-vous dans les endroits coquins, les femmes mystérieuses qui colportent, de nuit, des preuves accablantes de sa débauche et des délires de pouvoirs. 

– C’est lui qui décida d’appeler au mortal combat

– c’est lui qui rêva de l’étudier dans une pièce entièrement revêtue de sang

– c’est lui que la foule trompée nous représente, armé de fusil, voulant se faire introduire auprès d’un Président en exercice, pour projeter sur son visage un brusque flot de noirceurs et surprendre ainsi son crime, dans l’émoi du réveil. Et je n’ai pas à tout dire, qu’on cherche, on en trouvera.

Au risque de voir ma lettre longue, Monsieur le Président, il est temps d’aller à l’essentiel. 

Pour ce faire, j’accuse certains de vos Ministres d’avoir été les ouvriers diaboliques et de n’avoir pas ensuite défendu votre œuvre titanesque, depuis 2 ans, par une lâcheté et un silence les plus coupables.

Je les accuse de s’être rendu complices, tout au moins par faiblesse d’esprit et une des plus grandes iniquités de l’histoire du Sénégal.
Je les accuse d’avoir eu, entre leurs mains, les preuves certaines des mensonges et turpitudes de l’ex-inspecteur et de les avoir étouffées, de s’être rendu coupables de ce crime de lèse-humanité et de lèse-justice, dans un but politique et pour sauver un avenir compromis.

J’accuse certains Directeurs généraux de s’être rendu complices du même crime, sans doute par peur, ou peut-être par cet esprit de corps qui fait de la corporation inattaquable.

J’accuse certains Ministres d’avoir fait un travail scélérate,j’entends par là un laxisme des plus monstrueux, dont nous avons, dans les rapports, un impérissable monument de naïve audace.

J’accuse des Ministres d’avoir fait des campagnes factices et frauduleuses, à moins qu’un examen médical ne les déclare atteints d’une maladie de la vue et du jugement.

J’accuse des Ministres d’avoir mené dans la presse, particulièrement sur les réseaux sociaux, une campagne abominable, pour égarer l’opinion et couvrir leur faute.

J’accuse enfin Yewi Askan Wi d’avoir violé le principe même d’une opposition constructive, en condamnant à la mort les jeunes, et je les accuse aussi d’avoir couvert cette illégalité, en commettant à son tour le crime juridique d’acquitter sciemment le coupable qui est l’ex-inspecteur.
En portant ces accusations, je n’ignore pas que je me mets sous le coup d’articles de la loi sur la presse, qui punissent les délits de diffamation. Et c’est volontairement que je m’expose.

Quant aux gens que j’accuse, je ne les connais pas, je ne les ai jamais vus, je n’ai contre eux ni rancune ni haine. Ils ne sont pour moi que des entités, des esprits de malfaisance sociale. Et l’acte que j’accomplis ici n’est qu’un moyen révolutionnaire pour hâter l’explosion de la vérité et de la justice.

Je n’ai qu’une passion, celle de l’Alliance pour la République, au nom de la démocratie qui a tant souffert et qui a droit à la paix et à l’émergence. Ma protestation enflammée n’est que le cri de mon âme. Qu’on ose donc me traduire en cour d’assises et que l’enquête ait lieu au grand jour ! J’attends.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’assurance de mon profond respect. 

 

 

SERGE MALOU

Militant de l’APR