Au Cameroun, le sort d’Issa Tchiroma Bakary, figure de l’opposition et candidat arrivé officiellement deuxième à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025, suscite désormais des interrogations sur sa localisation exacte. Le 23 novembre, le gouvernement gambien a annoncé par un communiqué du ministère de l’Information, des Médias et des Services de radiodiffusion que Bakary se trouve à Banjul, la capitale gambienne, depuis le 7 novembre, et qu’il y séjourne « temporairement pour des raisons purement humanitaires ». Cette décision de Banjul est présentée comme un geste de solidarité africaine, visant à assurer sa sécurité alors que le Cameroun traverse une crise post-électorale tendue.
Issa Tchiroma Bakary, ancien porte-parole du gouvernement du président Paul Biya devenu son principal rival, conteste les résultats officiels qui ont officiellement donné à Biya plus de 53 % des voix. Il affirme avoir obtenu près de 54,8 % des suffrages lors du scrutin, selon son propre décompte, et rejette la légitimité du verdict proclamé par les autorités camerounaises. Cette déclaration de victoire, faite peu après l’élection, a alimenté des manifestations, notamment à Douala et à Garoua, où des partisans de l’opposition exigent la reconnaissance de ses revendications.
Selon le communiqué de Banjul, la Gambie collabore avec des partenaires régionaux, notamment le Nigeria, pour favoriser une issue pacifique à cette crise politique. Le gouvernement gambien insiste également sur son « engagement envers la souveraineté et l’intégrité territoriale » des États membres de l’Union africaine, précisant que son territoire ne sera pas utilisé comme base pour des actions hostiles envers le Cameroun. Ce positionnement diplomatique s’inscrit dans une volonté de médiation avec Banjul se présente comme un facilitateur, et évoque un dialogue en cours entre Bakary et le pouvoir de Yaoundé.
Le séjour de Bakary en Gambie semble être bien plus qu’un simple exil, d’après plusieurs sources diplomatiques, son départ du Cameroun s’est effectué sous pression, après qu’il ait affirmé avoir remporté l’élection. Cet accueil humanitaire, justifié par Banjul, pourrait offrir à l’opposant un refuge tout en permettant à la communauté internationale d’orchestrer des négociations régionales pour désamorcer la crise.
De son côté, Bakary continue ses activités politiques depuis Banjul avec des porte-parole de son camp rapportent qu’il désigne des collaborateurs et entretient un lien avec ses soutiens au Cameroun, ce qui montre sa détermination à rester politiquement actif malgré son éloignement. En Gambie, son séjour est perçu comme une étape diplomatique cruciale, non seulement pour sa propre sécurité, mais aussi comme un possible pivot vers un règlement négocié de la crise.
Pendant ce temps, à Yaoundé, les autorités restent muettes. Le silence du gouvernement camerounais sur l’annonce gambienne et sur les rumeurs de pourparlers alimente les spéculations. Certaines sources affirment qu’aucune réaction officielle n’a été publiée depuis Banjul, ce qui laisse planer un doute sur la volonté réelle du pouvoir de dialoguer. Il est clair que la situation de Tchiroma Bakary se retrouve au cœur d’un enjeu diplomatique plus large, où la Gambie joue son rôle de médiateur en s’appuyant sur le principe de solidarité panafricaine pour répondre à une crise dont les tensions menacent la stabilité de la région. Zaynab Sangare


































