Le sommet du G20 de novembre 2025 marque une étape historique, puisqu’il se tient pour la première fois en Afrique, à Johannesburg, sous la présidence de l’Afrique du Sud. Le thème choisi cette année, « Solidarité, Égalité, Durabilité », traduit la volonté des hôtes de placer la justice sociale, l’inclusion et la transition énergétique au cœur des débats. Parmi les priorités annoncées figurent la résilience face aux catastrophes, la viabilité de la dette des pays à faible revenu, ainsi que l’exploitation responsable des ressources naturelles pour favoriser une croissance inclusive. Le sommet est également encadré par plusieurs task forces dédiées à la réduction des inégalités, à la sécurité alimentaire et à la promotion de l’innovation et de l’intelligence artificielle pour le développement durable.

La posture de Macky Sall et ses discours en faveur de l’Afrique

Même si Macky Sall n’est plus président du Sénégal, son rôle passé et sa voix toujours influente sur les questions africaines au G20 méritent d’être rappelés. Macky Sall a fortement poussé pour que l’Union africaine obtienne une place permanente au sein du G20, estimant que l’Afrique, avec sa population et son poids économique, devait être présente «là où on discute des problèmes du monde». L’UA est désormais membre permanent du G20, une victoire diplomatique majeure qu’il a activement soutenue. Dans sa fondation, il affirme : « Nous devons souhaiter la bienvenue à l’entrée de l’Afrique au G20 ».
Parallèlement, il plaide pour une justice économique et un allègement global de la dette africaine, indispensable pour la relance économique du continent. Grâce à son influence post-présidentielle, Sall appelle également à une réforme de la gouvernance financière mondiale afin que des institutions comme le FMI ou la Banque mondiale deviennent plus représentatives des pays du Sud.
Dans ses interventions, il insiste sur la nécessité pour l’Afrique de pouvoir contribuer à sa propre transition énergétique de manière équitable. Il souligne la nécessité d’une transition juste, qui tienne compte des réalités africaines, et plaide pour une gouvernance mondiale qui intègre les défis climatiques sans pénaliser les pays en développement.
En matière de gouvernance mondiale et de multilatéralisme, Macky Sall défend une évolution et non une révolution des institutions internationales, afin que les décisions économiques mondiales intègrent mieux les pays africains. Il voit le G20 comme un instrument de coopération Nord-Sud, un forum où l’Afrique peut faire entendre ses revendications et peser sur les décisions globales.

Grâce à l’entrée de l’Afrique au G20 et aux prises de position de leaders comme Macky Sall, le continent dispose d’un levier institutionnel accru pour défendre ses priorités. La voix africaine est renforcée, l’Union africaine étant désormais un membre permanent du G20, ce qui permet de porter de manière collective et stratégique les intérêts africains. L’accent mis sur la durabilité de la dette est en cohérence avec les appels de Sall pour un allègement de la dette des pays africains. Le forum du G20 sur l’énergie africaine constitue une opportunité pour négocier financements et technologies pour une transition énergétique juste. Le panel sur les inégalités ouvre également la voie à des réformes structurelles en cohérence avec la vision de Sall.

L’impact réel du G20 dépendra de plusieurs facteurs. Le boycott ou l’absence de certains pays pourrait limiter la portée des engagements. Adopter des résolutions ambitieuses est une chose, mais traduire ces engagements en actions concrètes reste un défi majeur. Les intérêts économiques des pays riches et ceux des pays africains peuvent diverger, rendant les négociations délicates. Enfin, la capacité des pays africains à formuler des projets bankables et à négocier efficacement avec les grandes puissances sera déterminante pour tirer parti des opportunités offertes par le G20.

Le G20 de Johannesburg 2025 constitue une opportunité stratégique pour l’Afrique. Le thème « Solidarité, Égalité, Durabilité » est en phase avec les préoccupations de justice économique, de transition énergétique juste et de réforme institutionnelle que Macky Sall défend depuis des années. Son plaidoyer pour l’allègement de la dette, une gouvernance mondiale plus équitable et des partenariats équilibrés renforce la visibilité et l’influence du continent dans ce forum international. Le véritable défi reste néanmoins la mise en œuvre de ces engagements : transformer les déclarations en mesures concrètes déterminera si le sommet marque un tournant historique pour l’Afrique et le Sénégal.  Zaynab Sangarè