Les emplois des hommes et des femmes adoptent des caractéristiques différentes très tôt dans leurs carrières. Nous avons découvert qu’en moyenne, à niveau hiérarchique égal avec leurs homologues féminines, les hommes se voient attribuer presque immédiatement davantage de subordonnés et dirigent des équipes plus grandes. Les managers hommes obtiennent rapidement de plus grands « espaces de contrôle » que les femmes au même niveau organisationnel, ce qui conduit à des gratifications plus élevées.

Nous avons calculé les disparités d’effectifs dirigés pour les titulaires de MBA de notre échantillon et avons découvert que la taille des équipes des femmes représentait 75 % de celles des hommes lorsqu’elles sont directrices, et 63 % lorsqu’elles atteignent l’échelon de vice-présidente. La disparité des salaires s’accentue elle aussi : les femmes en moyenne gagnent 71 % de ce qu’obtiennent les hommes dans des rôles de direction, et 55 % pour les vice-présidentes.


L’idée que quelqu’un qui supervise davantage de salariés gagne plus semble rationnelle. Mais ces petits gestes discriminatoires qui se produisent dès le début des carrières des femmes ont des conséquences qui font boule de neige au fil du temps. Au bout de plusieurs années, il n’est pas si facile pour une manager de simplement demander qu’on lui confie beaucoup plus de personnes à superviser afin de justifier une hausse de salaire.

Les dégâts ont déjà eu lieu discrètement, beaucoup plus tôt, sans qu’ils aient même l’apparence de la discrimination : peut-être avait-elle le même titre, et, au départ, le même salaire. Mais une fois qu’elle a commencé avec une équipe plus réduite, la différence de rémunération s’est installée et n’a fait que croître.
Les préjugés basés sur le sexe dans le domaine du leadership ont des fondations solides.

Dans notre étude, nous sommes allées plus loin pour comprendre pourquoi les hommes se voient octroyer de plus grandes équipes à diriger. Tandis que les participants homme et femmes ne signalaient aucune différence dans le nombre d’employés qu’ils se sentaient capables d’encadrer, les deux groupes ont confié pré- férer voir des hommes diriger les plus grandes équipes et des femmes les plus petites.