Le 17 octobre 1961 est l’une des dates symboliques de la guerre d’Algérie. Ce jour-là, une manifestation à l’appel du FLN de « Français musulmans d’Algérie » est réprimée par la police parisienne, appuyée par des harkis. 12 000 manifestants sont arrêtés mais on ignore le nombre exact de morts, qui ne sera sans doute jamais établi avec précision. Sur la période septembre/ octobre 1961, les historiens parlent de 100 à 200. C’est sans doute la répression la plus sanglante en Europe de l’Ouest depuis 1945.


Omissions. « Les crimes commis cette nuit-là sous l’autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République » lit-on dans le communiqué de l’Elysée. La commémoration par le président Macron des événements du 17 octobre 1961 ne restera sans doute pas comme l’un des grands moments « mémoriels » de son quinquennat. De nombreux observateurs attendaient que le chef de l’Etat parle de « crime d’Etat » ou de « massacre d’Etat », comme le souhaitaient Benjamin Stora, auteur d’un rapport sur la guerre d’Algérie ou le grand historien algérien Mohammed Harbi. Las ! Emmanuel Macron n’a pas franchi le pas.


La commémoration a eue lieu le 16 au lieu du 17 octobre, elle a été occultée par l’hommage, le même jour, à Samuel Paty. En général peu avare de sa parole, le président de la République n’a pas souhaité prononcer de discours, l’Elysée publiant un simple communiqué, à l’issue d’une cérémonie au pont de Bezons, l’un des lieux symboliques de la répression. Différents « porteurs de mémoires » étaient invités : « Représentants d’associations de victimes, harkis, appelés, pieds-noirs, juifs d’Algérie, jeunes qui travaillent sur le rapport Stora », indique l’Elysée, qui n’a pas souhaité nous communiquer leur liste nominative.