Après avoir subi les coups de boutoir de Donald Trump et de ses émules comme le Brésilien Jair Bolsonaro qui se faisaient fort d’avoir la peau d’organisations internationales comme l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ou l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le multilatéralisme revient au goût du jour.

La menace représentée par l’entrisme chinois dans les institutions relevant des Nations Unies (ONU) et la pandémie de coronavirus, qui a nécessité la mise sur pied d’une coopération mondiale, ont servi de révélateur. Contre toute attente, 136 des 140 pays membres de l’OCDE se sont ainsi entendus, début octobre, sur la mise en place d’une taxe Gafa et d’un impôt minimum sur les sociétés de 15 %. Après avoir réintégré, au début de l’année, l’Accord de Paris sur le climat, les Etats-Unis rejoindront, le 1er janvier, le Conseil des droits de l’homme (CDH) de l’Organisation des Nations Unies.


Les pays se battent plus que jamais pour accueillir chez eux des satellites de l’ONU ou placer l’un des leurs aux postes de direction. C’est le cas de l’Arabie saoudite qui a tenté récemment de souffler le siège de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) installé à Madrid depuis 1975, faisant dire à José Manuel Albares, le ministre des Affaires étrangères espagnol qu’« on ne peut pas changer, sur un caprice, les sièges des institutions interna- tionales comme s’il s’agissait de franchises d’une équipe de baseball ».

L’an dernier, c’est la direction générale de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) qui a donné lieu à un mano a mano serré entre deux candidats chinois et singapourience dernier l’a finalement emporté. Il semble que les Américains aient tiré les leçons de la bataille pour le contrôle de la FAO (l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), abandonné à un représentant de Pékin faute d’avoir soutenu activement les exportations mondiales de blé.


«On assiste à une sorte de démocratisation du multilatéralisme. De plus en plus de petits pays veulent participer à la vie des organisations internationales et sont prêts à mettre les moyens financiers et humains dans l’objectif de bénéficier de retombées en termes de notoriété ou d’influence », relève un bon connaisseur des arcanes de l’ONU. A côté de New York, le poids de Genève qui abrite notamment le Haut- commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), l’OIT et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced) ne cesse de grossir.