Jusqu’ici le Président Sall avait évité tout ce qui est mandat présidentiel. Mais en recevant les Young leaders, jeudi, il a indiqué que les procédures administratives ne favorisent pas la réalisation des projets alors que l’on veut «limiter le temps du président à la tête de l’Etat». Un argument qui peut peser dans cette polémique sur une éventuelle troisième candidature en 2024.



Ça ne pouvait pas passer sans commentaires. Cela faisait, en effet, un bon bout de temps que le président de la République n’a plus parlé de 3ème mandat. S’il en a reparlé après sa réélection, c’était pour son «ninisme» (ni oui, ni non) qui a édulcoré sa fermeté sur le sujet. Et qui a relancé la polémique sur une éventuelle troisième candidature en 2024.

Mais, jeudi, lors du dîner qu’il a accordé aux Young leaders, au palais, Macky Sall l’a évoquée. A sa manière. Avec une argumentation remettant en cause la pertinence de la limitation des mandats.

«Puisque nous voulons plus de démocratie en Afrique, nous disons qu’il faut limiter les mandats, limiter le temps du président à la tête de l’Etat. Mais si au même moment, les procédures qui datent des années des 60 sont toujours les mêmes qui conditionnent le décaissement, quand est-ce que ces régimes mis en place vont avoir un bilan ? Et donc, tous les cinq ans, on va virer des régimes et ça va être un éternel recommencement, contraire à l’idée du développement», a dit Macky Sall qui est aussi président en exercice de l’Union africaine.

Pour des procédures rapides de réalisation des projets

Sur les délais de réalisations de certains projets dans un intervalle de 5 ans, le chef de l’Etat croit dur comme fer que les lenteurs notées dans les procédures y sont pour beaucoup.

C’est pourquoi il prône une réforme de l’administration par une «digitalisation des procédure». Et pour les partenaires, il plaide pour une «évolution pour que nous puissions, dans des délais convenus, assurer le développement des populations».

Il poursuit son argumentaire : «Aujourd’hui, si vous avez un projet de route, il faut souvent faire un appel d’offres pour l’étude. L’appel d’offres lui-même va prendre une année avec les contestations parce que les codes des marchés sont faits pour que les perdants viennent toujours se plaindre et donc, on n’avance pas. L’étude à elle seule va prendre au miniums 6 mois, voire 1 an.

A la fin de l’étude maintenant, il faut lancer l’appel d’offres pour les travaux, là plus c’est sérieux, avec le circuit aller-retour entre le pays et le bailleur avec le fameux Avis de non objection, (l’Ano). Et ce temps-là, j’avoue aussi que quelques partenaires ont fait de gros progrès et je veux les en féliciter. Parce que si nous avons pu faire ce qu’on a fait ici, ils nous ont accompagné». Il donne l’exemple du Train express régional (Ter) pour lequel l’Etat a dû être accompagné par des partenaires comme l’Afd, le Trésor français, la Bpi, la Bad et Bid pour la réalisation rapide du projet.

«Si on restait dans le schéma classique, jamais en 10 ans, vous ne pourrez faire un projet structurant. C’est impossible ! Sans parler maintenant du temps de réalisation de l’ouvrage», a-t-il dit souligné.

«Sur les réseaux sociaux, on crie : ‘’Il faut le virer, dégage’’»

Donc, c’est dire que là c’est un effort collectif pour accompagner les Etats africains. Mais aussi un effort pour les partenaires eux-mêmes pour avoir dépensé les sommes qu’ils ont mises en œuvre. Et souvent, ils nous les reprochent.

Souvent les taux de décaissement sont très faibles, parce que justement il y a énormément d’étapes à franchir. Et trop souvent ces formalités et procédures retardent la formulation et l’exécution des projets, ce qui fragilise l’action publique et suscite des attentes finalement déçues.

Et sur les réseaux, on crie : «Ah, il n’a rien foutu», «il faut le virer», «dégage»… bla-bla. Mais ça ne se passe pas comme ça, ce n’est pas un bouton magique. Les gouvernements font tout ceux qu’ils peuvent». Macky seul sait ce qu’il entend faire en 2024, mais cette sortie peut bien suggérer une éventuelle troisième candidature.