Pour faire plaisir à la famille de son mari, nombreuses sont les femmes qui offrent des ca- deaux, le jour de la fête de Tabaski, à leur belle-mère ou beau-père. Dans un contexte économique tendu, des femmes remuent ciel et terre pour leur faire plaisir, tandis que d’autres n’en ont cure.

Au Sénégal, la tabaski permet aux mem- bres d’une même famille de se retrouver et de fêter dans la convivialité. Certaines belles-familles exigent de leurs futures belles filles à venir assister les épouses de la famille le jour de la fête.
Au centre de l’organisation de cette fête familiale se trouve généralement la belle- mère. Car, il revient à elle de fixer les consignes pour la réussite de ces retrouvailles familiales. Du coup fêter l’Aîd dans la grande famille est devenue presque une obligation dans les familles conservatrices. Néanmoins, beaucoup de personnes accordent une importance particulière à ce grand rassemblement familial, surtout les cadeaux qu’on apporte. Pour le bon déroulement de la journée, chaque famille, citadine ou rurale, développe ses propres stratégies. M. Ndiaye explique, par ailleurs, que son expérience d’avant lui a permis d’être surtout au parfum des petits détails sur de la préparation. « De mon côté je ne trouve pas que la fête de tabaski constitue un fardeau pour moi dans la mesure où je prévois tout. J’épargne de l’argent des mois auparavant. Il y a des femmes qui adhèrent à des tontines pour s’en sortir mais moi je ne procède pas comme ça parce que je fais dans la mesure du possible. Alors je mets de l’argent de côté pour me préparer en conséquence. Si je dois me rendre du- rant la tabaski chez mes beaux-parents je prépare des cadeaux pour tout le monde. Je couds des habits, et je leur donne de l’argent une fois à la maison », explique t- elle. Et de poursuivre : « Nous sommes dans une société où nous avons notre coutume mais pas obligé de faire des efforts, dans la mesure du possible. Moi je ne fais pas dans l’excès, c’est vrai je veux faire plaisir à ma belle-famille, selon mes moyens, je ne me décarcasse pas trop, mais de façon modérée parce que je le peux. Si je ne le pouvais pas je n’allais pas me créer des problèmes pour pouvoir le faire. Du côté de mon mari je ne lui dit rien. Je le tire de mon épargne puisque ça se passe qu’une seule fois dans l’année, c’est l’occasion de faire plaisir au proche de son époux. »
Selon M. Ndiaye, il y a des belles familles, où si tu ne donnes pas ou bien tu sautes une année sans venir avec des cadeaux, on te regarde autrement. « Mais moi je ne gère pas se volet. Je donne des cadeaux de valeurs mais pas dans l’excès car je le fais dans la modération », dit M. Ndiaye.
Etant la deuxième femme de son mari, F. W la fête de la tabaski sonne à son heure surtout avec les préparatifs au niveau de la belle-famille. « En tant que nouvelle mariée, j’essaie d’amener des choses, surtout que c’est la première fois qu’on intègre ce secteur auprès de la famille de mon mari. Alors il faut vraiment que je sois parfaite. Ce n’est pas une concurrence, mais il faut amener de l’ambiance et cela ne changera pas l’entente qu’on a avec ma coépouse avant toute chose c’est notre grande sœur », indique cette femme mariée.
A l’en croire, il faut se limiter de ce que l’on a et ce que le mari leur donne. Mais pas faire des porte-à-porte pour emprunter de l’argent, c’est une mauvaise habitude. Au-delà d’être coquette « je vais acheter des tissus, de la vaisselle, rendre belle la maison en la décorant pour ga- gner le cœur de la belle-famille, vue que c’est ma première fois que je passe la fête avec eux. Que l’harmonie règne dans la famille car on n’aura pas une plus grande que celle-là et qu’on passe une fête inoubliable. »
Cette habitante de la cité Belvédère estime que même si sa belle-mère a de quoi acheter des cadeaux, elle est obligée de lui remettre sa part. Pour Aïcha Ndiaye, jeune mariée, une femme tient toujours à avoir les faveurs de sa belle- famille. D’où son profond attachement à cette pratique : « Je suis dans les liens du mariage depuis longtemps, en ce qui me concerne, j’offre des cadeaux à ma belle- famille cette pour raffermir les liens. C’est pour leur prouver notre amour, des valeurs que nous partageons vue que nous sommes au Sénégal. C’est ce qui se passe dans notre propre famille, je ne pense pas qu’il y’ait des conséquences car tout se passe au début, si avant vous leur montrez clairement que vous pouvez leur offrir des cadeaux de manière pérenne ou bien leur dire que vous voulez mais vous n’avez pas les moyens. Je pense qu’il n’y aura pas de conséquences majeures », tonne ladite mariée. Dans la foulée, elle reconnait que souvent « ce sont elles-mêmes qui sont la source des problèmes. « En le faisant à des couts exorbitants, soit des parures en or qui coûtent tellement chers et que le coût de la vie est tellement élevé de nos jours. Il faut offrir des cadeaux pour faire plaisir, mais il faut le faire à la limite du possible en fonction de nos moyens », renchérit Aicha Ndiaye. Si des femmes mariées tentent vaille que vaille de faire plaisir à leur belle-famille, tel n’est pas le cas pour Fasha Mbaye Badiane. Très catégorique, elle n’y va pas avec le dos de la cuillère : « je ne donne rien car je n’ai pas les moyens. Je ne travaille pas. Si je pouvais le faire, oui…mais hélas ! » Tout compte fait, la fête du mouton ou Aid el kébir constitue un fardeau pour des femmes mariées devant pas- ser la fête chez leur belle-famille.