Tunisair se dépeuple. 16 de ses pilotes ont rejoint la compagnie nationale Air Sénégal. Fuyant une situation morose en Tunisie, ils sont attirés par de meilleures conditions de travail. Situation financière oblige, un certain nombre de pilotes de Tunisair pensent se trouver dans l’obligation de quitter le pays et de mettre le cap sur des compagnies aériennes étrangères, beaucoup plus attrayantes, lucrativement parlant, a révélé le président de la Fédération tunisienne des pilotes de ligne (FTPL), Karim Elloumi.

Dans une interview avec Africanmanager reprise par Rewmi, il a expliqué qu’il y a des pilotes tunisiens qui ont rejoint les compagnies aériennes sénégalaises et d’autres compagnies aériennes africaines, faisant état d’une grande demande de la part des pays voisins comme la Libye sur les compétences tunisiennes dans le domaine de l’aéronautique. Et ceci se traduit forcément, a- t-il souligné, par de grosses pertes en termes de ressources humaines, pilotes et techniciens confondus, sous l’effet des conditions financières difficiles de la compagnie nationale, ce qui a affecté négativement les salaires de ses employés.


« Faisons une simple comparaison avec les pays voisins : le salaire du pilote en Tunisie ne représente que la moitié de celui de son collègue d’Air Algérie et environ le tiers du salaire de son collègue de Royal Air Maroc ! », a-t-il dit. Surtout, le président de la Fédération tunisienne des pilotes de ligne a estimé que l’absence d’une stratégie et d’une vision claire et globale de la part de la Direction générale de l’avia- tion civile a ajouté à l’aggravation de la crise de l’aviation en Tunisie. « La situation a empiré du fait de la bureaucratie à outrance et de l’absence d’un programme intégré, ce qui a accentué la stagnation de la situation dans ce domaine crucial », a-t-il ajouté.
Les craintes de Khaled Chelly
Il est à noter que le PDG de Tunisair, Khaled Chelly, a implicitement exprimé ses craintes au sujet de l’exode des ressources humaines du transporteur national, dans une interview au journal Assabah, publiée aujourd’hui, 5 octobre 2021. Toutefois il a confirmé que la compagnie s’oriente vers une réforme générale en améliorant le taux d’encadrement de l’entreprise, qui ne dépasse pas actuellement les 7%.

De plus, Chelly a mis l’accent sur la nécessité d’améliorer le niveau des salaires des employés de la compagnie qui avec une moyenne de 3000 dinars, est considérée comme l’une des plus faibles du secteur du transport en général. Le PDG de Tunisair, Khaled Chelly a fait remarquer que le secteur du transport aérien dans les autres pays contribue pour une large part dans la création de la richesse nationale du pays et à son produit intérieur brut, avec des taux variant entre 20 et 45%, alors que sa contribution en Tunisie ne dépasse pas les 5%.


Un transporteur perclus de dettes


Dans le même ordre d’idées, le directeur général de la compagnie nationale Tunisair a indiqué que les dettes de la compagnie s’élevaient à 2 200 millions de dinars, dont environ la moitié soit 1 250 millions de dinars est auprès de l’OACA et le reste est réparti entre les dettes contractées auprès de l’État et d’autres auprès de banques locales et étrangères. Pour ce qui est des modalités du remboursement de ces dettes, Chelly a souligné que la compagnie s’efforcera de les réduire et de remplir ses engagements envers les créanciers en augmentant son capital grâce à l’intervention de l’État via le remboursement d’une partie des dettes de l’aviation civile entre 20 et 25 % sous forme de participation au capital de l’entreprise.

En outre, Chelly a ajouté que les banques doivent contribuer à une partie des dettes du capital, tout en ouvrant la porte à la participation aux particuliers, aux salariés de l’entreprise et aux Tunisiens de l’étranger pour sauver au moins 25% du capital de la compagnie.